6 novembre 2017

Le noir sans étincelle

Combien de fois n'ais-je souhaité te rejoindre, Théophile. La place d'une mère n'est-elle pas auprès de son enfant bien aimé? Je serais dans le ciel à te bercer de tous mes bras de pieuvre maternelle, à me nourrir de ton odeur, à t'embrasser. Tu étais si doux Théophile, ta peau était tellement satinée, j'en étais émerveillée. Tu étais le plus doux que je n'ai jamais étreins, le plus doux que je n'ai jamais touché. Tu étais merveilleux.

Comment avancer sans toi à mes côtés. Il n'y a pas de guide pour celui qui a perdu un enfant. Les gens n'ont pas de mots, les gens n'ont pas de ressources. J'ai compris maintenant ce que ça signifie quand on dit que parfois, personne ne peut nous aider. Je suis seule avec toi, mon petit garçon bien aimé. Moi seule t'ai porté, moi seule connais tes gestes doux, tes petits coups, moi seule t'es crée de tout mon être en te donnant le pain et l'eau de chaque jour, en te façonnant aux battements de mon coeur. Je suis morte avec toi. Ce coeur qui battait à l'unisson du tien, il est mort avec toi. Il y a un infarctus à l'intérieur, quelque chose s'est éteint, les cellules se sont grisées. Une mère meurt quand son enfant s'en va. C'est l'ombre d'elle même qui reste. Et ensuite il faut un temps inimaginable pour reconstruire quelque chose qui ressemble à ce nouveau nous-même. Mais ce nous sans toi, ce n'est pas nous. Aucune mère n'est complète quand manque son enfant.

Huit mois après ton départ, il y a encore des douleurs qui ne peuvent pas s'écrire. Des images qui arrivent dans ma tête comme un film horrible. Des images, qui ne peuvent pas se dire.

Dieu que la route est longue pour rassembler tous ces morceaux de moi-même.
Tu me manques d'un manque juste inimaginable, inexprimable. Un manque animal, visceral.
Un manque à la hauteur de mon amour.